jeudi 7 juillet 2016

Discours de Jesse Williams BET Awards 2016 VF + edito




Que vient faire cette vidéo une semaine après ? Deux réponses simples: trouver une vidéo avec des sous titres français convenables afin de rendre la vidéo compréhensible pour un plus grand nombre. Voila pour l'aspect ludique. Et surtout, constater une nouvelle fois un fait sociologique dépassant les frontières, à savoir le réveil de la question noire à plus forte raison quand l'actualité nous rend témoin de nouvelles agressions au pays de l'Oncle Sam

Premier constat, les communautés noires sont diverses et variés. En effet, beaucoup on compris que LA communauté Noire en tant que bloc fantasmé et essentialisé par des manipulateurs politiques encartés (ou non) n'est plus qu'une chimère qui n'a plus lieu d’être à notre époque. En l’occurrence, il suffit d'observer les réactions animant les réseaux sociaux depuis une dizaine d'années - avec la recrudescence des actes négrophobes commis par la Police américaine - pour constater une prise de conscience horrifiante dans toutes les classes de la société. Dans la foulée, en plus de la l'insécurité lié aux gangs le noir coincé dans le ghetto prend conscience si besoin de son statut de sous citoyen tandis que le noir embourgeoisé subit une nécessaire piqûre de rappel lui remémorant que lui et ses enfants ne sont pas pour autant à l'abris de prendre une balle en pleine tete en dépit d'un titre de propriété, d'une berline ou du port d'une American Express.

Si éloigné mais tellement proche, le lien particulier qui lie les peuples noirs est fait d'un sentiment d'urgence, de fierté, de revanche et d'insécurité. Là où certains médias conservateurs y ont vu une attaque raciste envers la communauté blanche (le fameux "Racisme Anti Blanc" sic), le discours de Jesse Williams tient plus d'un appel au réveil de la conscience des siens, qu'à une détestation bête et méchante envers le camp d'en face. Ainsi, sa critique libératrice d'une partie de la communauté noire embourgeoisé s'étant détourné des problèmes de leurs semblables, rejoint avec une certaine tragédie les discours d'un Malcolm X ou d'un Tupac Shakur.


Par un discours clair et sans langue de bois, Jesse Williams a fait ce que l'on attend de nos leaders d'opinions qu'ils soient sportif, intellectuel, journalistes ou rappeurs. Sans totalement remettre en cause le modèle hédoniste américains; l'acteur de Greys Anatomy lance un pavé dans la mare des non-dits et exige à méditer sur le fait qu'en dépit d'un bonheur matériel engrangé de haute lutte dans leurs domaines respectifs, nous ne devions cesser d'avoir à coeur de défendre une certaine conception de la liberté et d'une garantie de nos devoirs et de nos droits. Le message a le mérite d’être clair, de meilleurs traitement à l'avenir et une justice équitable ou une communautarisation accrue pouvant mettre en danger la stabilité sociale de la nation.

Ce discours viril, beaucoup désespéraient de l'entendre à nouveau de la bouche d'un orateur charismatique. Quelques uns espéraient naïvement qu'Obama serait de ce bois, oubliant son statut de Président (donc impartial comme la fonction l'exige), il nous reste les rappeurs, ces héritiers de griots paradoxaux pouvant se targuer d'animer des soirées ou de se faire lanceur d'alerte avec un accès inédit auprès des médias et des jeunes. Malheureusement, force est de constater que peu de rappeurs s'engagent en politique, la nouvelle génération à l'exception de Kendrick Lamar ou J.Cole n'a que Gucci, Vodka, Guns et Dollars à l'esprit. Dépolitisé jusqu'à l'os, nos nouveaux leaders d'opinion ont plus à coeur de vendre l'idéologie dominante du marché qui les emplois dans le sens où la peur de perdre la vie ou une carrière l'emporte sur les convictions. Jesse Williams a pris un nouveau risque pour sa carrière à Hollywood; car coutumier de la polémique il était déjà de ceux s'étant offusqué de la non présence d'acteurs noirs pour le film Exodus retraçant le périple de Moise en terre d'Egypte. Cet état de fait note une certaine constance chez l'acteur et révèle à mon sens des accents de sincérité plus concret que ceux d'une Beyoncé dont on n'entend plus les revendications pro black pour le moment (lire l'article 'Comment Beyoncé est redevenue Noire?').

En cette période de tension et de repli communautaire c'est tout le monde occidental qui dors sur une poudrière prête à exploser au moindre trouble. Les Etats Unis étant le premier laboratoire des sociétés multiculturelle dans lesquelles nous vivons, le risque que des cas comme ceux de Trayvon  Martin s'impose régulièrement hors de ses frontières est plus que probable. Alors que nous sommes tous des rouages dans la machine du pouvoir, le tort serait de croire que ceux qui subissent l'injustice doivent être seul à se défendre. La cruelle fatalité est pourtant autre, l'injustice face au pouvoir ne doit pas etre qu'une affaire de noirs si et seulement si on part du principe que la compassion et l'empathie ne devrait pas avoir de couleurs. A travers le #BlackLivesMatter il faut y voir que toutes les vies compte ! Aujourd'hui les noirs, demain les juifs, les musulmans, les femmes et vos enfants... L'idée n'est pas de remettre en question le rôle essentiel de la Police mais de dénoncer un racisme flagrant dans des situations ou la Force d'un Ordre de plus en plus discutable abuse de son pouvoir.

A notre petite échelle que faire ? Ne pas baisser la tete. Ne plus jamais se taire. En attendant l'étape supérieure.

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