2011 fut une année morose. En effet; conformisme, frilosité, frivolité sont les maux qui ont caractérisés l'année qui prend bientôt fin. Après un été hip hop humide comme l'automne, et un automne qui s'annonce comme un hiver avant l'heure. Les feuilles tombent et le moral baisse à l'heure où la crise s'installe confortablement. Tel est l'état sinistre de la scène rap actuelle, et pourtant. Comme une évidence soudaine, le nouvel album d'Evidence s'annonce comme la deus ex machina de ce début de rentrée. L'élément salvateur qui apaisera nos oreilles orphelines d'un Hip Hop riche et de qualité.
Tombons dans la facilité; il est évident qu'Evidence est l'homme providentiel en cet fin d'année. Membre du crew Dilated People, groupe californien alternant entre le très bon et le moins bon. Notre homme du jour s’attelle depuis 3 ans; sous la houlette du prolifique et sérieux label Rhymesayers; à la préparation de son second album solo (seulement) : Cats & Dogs.
Cats & Dogs. En voila un titre assez curieux pour un album Rap. Pour la petite histoire chien et chat représentent dans certaines croyances et mythologies, le vent pour le chat et la pluie pour le chien. C'est en tout cas l'enseignement que nous offre "The Liner Notes". Morceau étant une preuve apppuyé de l'écriture érudite d'Evidence.
Flow simple, posé et soigné. Le tout accompagné d'une plume sophistiquée et intimiste. Celui qui a pour surnom "Mr Flow" depuis plus de 10 ans d'activité, justifie une nouvelle fois son sobriquet. Assurément, les thèmes bien que variés sont dans l'ensemble imprégnés d'un discours positif et combatif. Ce qui découle sur un ensemble de récits authentiques, alliés à des sonorités rendant les tracks cohérentes dans le pur esprit Hip-Hop. Là où les artistes du moment se complaisent à nous dépeindre une vie de luxe sans apporter une vision personnel et aiguisée sur une situation. Michael Peretta en 2011, fait l'effort de nous invité dans son monde et de nous faire découvrir son univers où se croisent peines et espoirs. En clair, Crazysongz ne le dira pas assez: Cats and Dogs est la bombe de 2011 ! Opus passant à limite du classique, c'est tout un parterre de guest de renoms qui s'est invité sur le projet: Raekwon, Alchemist, Aesop Rock, Slug, Aloe Blacc ou encore Prodigy entre autres.
De cette liste exhaustive, il y a matière à mettre en lumière ce qui fait tout le sel de C&D. Je parle bien évidemment des sonorités apportées par les producteurs : DJ Premier en tête. En effet, tout le paradoxe savoureux se trouve dans l'ambiance clairement orientée east; tandis qu'Evidence apporte son groove californien au micro. Sans être un cas inédit dans l'histoire du Hip-Hop californien - a noté qu'à l'image de groupe tel que the Pharcyde - l'emprunt de sonorités east par des artistes de la cote ouest est tout sauf un cas isolé.
Fort heureusement, la formule emprunté sur ce second album s'avère payante et porteuse d'un véritable nouveau souffle. Néanmoins, si il m'est difficile de trouver des défauts vraiment gênant tant l'opus apporte une bouffée d'air salvatrice; c'est plus sur une industrie frileuse et figée que je pousse un coup de gueule. En 2011, le niveau fut tellement nivelé vers le bas que nous en sommes réduit à nous extasier sur un album Rap - aussi bon soit il - privilégiant une ambiance sonore cohérente et intimiste le tout suivi de récits d'une profondeur assez rare, le minimum syndical pour peu qu'on aime cet art urbain en constante mutation. Le constat global sur l'industrie est assez inquiétant. En clair, sur une année qui même si elle apporta son lot de pétard mouillée, fini malgré tout dans un feu d'artifice annonciateur d'un 2012 un peu plus radieux. Evidence tente d'en apporter la preuve, au pire des cas il est porteur d’espérance.
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