dimanche 18 juin 2017

All eyez On Me est un navet [Review Critique]


"My Only Fear of Death is coming back Reincarnated"

Sans surprise, et comme prophétisé pendant des mois dans ces pages (lire: Pourquoi All Eyez On Me risque d’être un navet), le biopic sur la vie de 2Pac Shakur a finalement pointé le bout de sa pellicule dans les salles obscures en ce jour maudit du 16 avril 2017.
Maudit soit ce jour, tant il est évident que si beaucoup doute encore timidement de la mort du rappeur; il est en revanche facile de démontrer qu'il est bel et bien possible de mourir une seconde fois. Point de fusillade ici non, mais difficile d'assister à la mort d'une aura, tant celle ci est souillé par la "vision" de son "réalisateur" Beny Boom.

Soyons franc et direct comme le rappeur le plus influent de sa génération. Oui, LE film sur 2Pac est un RATAGE, un navet de la pire espèce, indigne d’être vu pour peu qu'on aime le rap et le cinéma. Le seul film à ne pas foiré était celui là. Servi par un casting famélique; là ou un 'Ali' de Michael Mann (biopic sur Muhammad Ali) s'était mis à la hauteur de la légende avec un casting cinq étoiles. Nous assistons ici à un patchwork convenu où la direction artistique pèse par son absence sur un film s'éternisant pour culminé par un soufflement de nez du spectateur; là ou une fin qui (ne spoilera personne) ne parvient même pas à suscité une once de sécrétion lacrymale.

Sans surprise, et comme prophétisé dans ces pages, Beny Boom qui par les desiderata des producteurs, a supplanté John Singleton (Boyz N the Hood, 2 Fast 2 Furious) au poste de réalisateur est tout simplement passé à coté de son sujet. Le film qui se fait justement descendre par la critique Outre Atlantique est l'opposé même du déjà discutable Straight Outta Compton. Quand on se souvient du traitement douteux du film Notorious consacré à Biggie Smalls, le constat tragique est que la fiction ne parvient pas à retranscrire avec justesse l'aura des deux pierres angulaires du Hip-Hop. La question : fallait il s'attendre à autre chose quand l'homme aux manettes derrière la caméra est principalement reconnu pour tourner des clips de Rap ?

Sans envergure, nuance et manichéen jusqu'à l'os. L'histoire du plus vivant des rappeurs mort nous est conté via le très peu original point de vue de l'interview dans un premier temps, pour finalement basculé en longueur sur la période ou Shakur signe sur le sulfureux label Death Row. En chemin la psychologie paradoxale, auto-destructive et mélancolique du personnage principal est à peine effleurée. Au bout des 15 première minutes la tentative éhontée est claire : divinisé grossièrement la figure de 2Pac, sûrement dans le but de surfer sur la vague Black Live Matters qui a pris du plomb dans l'aile depuis l’élection de Donald Trump. Pendant ce temps, sûrement trop occupé à cocher toutes les cases de son "Cliché Bingo", le 2Pac dépeint par Beny Boom narre les mésaventures d'une victime permanente totalement déresponsabilisé et par conséquent à mille lieux d’être crédible qui se mue la scène suivante en super héros tirant sur des flics sans transition.

Une tronche à claque vide qui aspire plus la moquerie et le dédain que l'empathie et l'admiration, tant l’absence de complexité, et de charisme dans l’interprétation du jeune Demetrius Shipp Jr peine à sauver le film, qui au delà de son rôle à des qualités intrinsèque en tant qu'acteur en plus d’être assez ressemblant physiquement. Rien sur la dualité de 2Pac, quid de son rapport obsessionel de la mort, sa paranoïa et sa dépression) Néanmoins, les moments de la vie de l'icone californienne décédé cet autre jour maudit de Septembre 96, sont appréhendés avec maladresse - quand il ne sont pas inventés de toute pièce - sans la distance nécessaire qui fait la différence entre un biopic où la vision du metteur en scène influe sur l'oeuvre et le pauvre documentaire de propagande bon à vendre aux non initiés - et encore ce serait prendre les non initiés pour des cons -, pas certains que ça aide vue la gueule du box office et de Metacritic.

Attendu depuis des années par les fans du monde entier, All Eyez On Me me fait le même effet que Dragon Ball Evolution. Un bide artistique et je le souhaite commercial, pondu par des gens qui voulaient une nouvelle fois se faire un max d'argent sans le minimum de respect et de passion requis.

Si 2Pac a truqué sa mort pour boire des daiquiris en Jamaique incognito, nul doute que l'on retrouve son corps sur une plage, mort étouffé par tant de mépris à son endroit. Pour ma part, c'est avec un dégoût prémédité que ce film va glisser dans la corbeille de mon PC. En attendant que John Singleton nous propose sa propre version, Life Goes On comme dirait l'autre.

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