mardi 7 janvier 2014

Eminem - Marshall Mathers LP 2 [Chronique]


Tromperie sur la marchandise ? 

Eminem est (une nouvelle fois) de retour. Trois années après un Recovery en demi teinte, le plus trash des rappeurs blanc signe un retour tonitruant avec The Marshall Mathers LP 2. Dix ans après la sortie du premier MMLP, Eminem cède donc à la mode des suites. En outre, si l'histoire des suites nous prouve qu'à défaut d’être meilleur que le précédent album, les suites se révèlent totalement singulières et sans réel rapport avec l'illustre aîné. Quel constat pouvons nous sortir, suite à l'écoute du nouvel album de notre autoproclamé "Dieu du Rap" ?

A l'annonce de Marshal Mathers LP 2, force est de constater qu'Eminem est passé maître en matière de communication. Ainsi, le teasing avait commencer à coup de flyers, sous entendu et tweets improbables, le tout culminant sur le retour de la fameuse teinture blonde.

Sans nous épancher d'avantage sur les évidentes motivations marketing qui ont poussé au retour du blond capillaire sur la tête de Marshall, concentrons nous sur le contenu de l'album. Si le fan de base d'Eminem est en droit de réclamer un retour de l'alter ego Slim Shady, il est urgent de signaler qu'il risque de tomber de haut avec MMLP 2. Tromperie sur la marchandise dites vous ? L'UFC que choisir doit elle intervenir, ou est Manuel Valls ?

Oui, dans un sens il y a arnaque. Arnaque oui, mais arnaque logique et prévisible. Et c'est le rôle de CrazySongz de tenter d'expliquer comment et surtout pourquoi.

Le premier signe trompeur concernant l'album est la pochette. Celle ci nous présente la vieille maison où a vécu "MnM" dans sa jeunesse. Cette fameuse maison déjà mis en couverture du classique Marshall Mathers premier du nom. Là l'adolescent aujourd'hui jeune adulte frétille déjà d’enthousiasme tandis qu'Eminem frotte délicatement la fibre nostalgique du doigt. Et ce n'est surtout pas le début tonitruant trompeur de l'album qui lui donnerait tort. Cependant, le tout retombe comme un soufflet avec une réorientation très Rap/Pop sur la quasi totalité de l'album. N’espère pas jeune/vieux fan, retrouver les D12 sur ce huitième LP; à la place savoure des feats mémorable avec Rihanna ou Skylar Grey... Si ce choix sonore peut surprendre et décevoir pour la plupart. Il reste un choix plutôt cohérent au regard de la carrière d'Eminem dans son ensemble. Oui, Eminem est mainstream. Cessons d'avoir peur d'employer ce mot ou de le prononcer comme si on avait du camembert dans la bouche. Eminem est tout aussi mainstream qu'un Wayne ou qu'un Jay-Z. Quand bien même de son statut de Pop Star c'est bien évidemment sur les textes qu'il faut apprécier le travail d'Eminem.

Avec le fameux retour au blond, c'est Slim Shady dont on attendait furieusement le retour. Allons nous avoir droit à un nouveau clip parodiant les stars du moment ? A une série de gag potache et hilarant ?

Rien de tout ça. L'adolescent aujourd'hui jeune adulte a grandis avec Eminem. Et il est donc naturel qu''Eminem évolue de son coté. L'idée même d'un homme âgé de 41 ans se grimant en Justin Bieber pour faire rire la galerie est tout simplement impensable. Sans parler de l'effet "déjà vu" et prévisible, un homme d'age mur et père de famille à peut être autre chose à foutre que de se maquiller pour faire passer ses messages. Nous nous rendons alors compte que les critiques les plus virulentes à l'égard de ce nouvel album sont pour la plupart rester sur la même image du rappeur trash des années 2000. Espérant un retour visuel du trash sans s'attarder sur le fond. Une nouvelle fois c'est sur les textes qu'il faut apprécier le travail d'Eminem.

Par conséquent, allons nous avoir droit à une série d'insultes sur l'administration Obama, à une apologie des drogues et champignons ou une classique nouvelle rafale d'insultes sur sa mère ?

Rien de tout ça. Slim est plutôt distant concernant la politique, se repent en maudissant les pilules et plus surprenant encore s'excuse auprès de sa mère sur "Headlights". De là à parler de virage à 180 degré, il n y a qu'un pas. Pourtant sous un autre angle, il est intéressant d'observer un Slim Shady a 41 ans d'âge. Soyons sérieux cinq minutes. Qui peut se targuer de garder le même état d'esprit toute sa vie ? Au bout d'un moment, la rébellion doit savoir laisser place à la sagesse d'esprit et à la sérénité. Si Eminem a su passer outre ses ressentiment et sa rancœur; qui sommes nous pour juger ? Pourquoi ne pas prendre le changement sous un angle neuf; avec un Eminem ayant acquis une certaine maturité ? Artistiquement si le Slim Shady outrancier et vulgaire est définitivement mort depuis Relapse, c'est avec une certaine joie qu'on retrouve un vétéran au micro toujours aussi affûté et incisif. Non, il ne boxe clairement pas dans la catégorie des autres rappeurs soft.

Se posant en patron sur l'incontournable "Rap God" (analysé par mes soins sur ses pages), montrant les crocs sur "Berzerk" ou faisant preuve de détermination sur "Survival". Eminem prouve s'il le fallait encore qu'il est intouchable sur le terrain du emceing. Il reste aussi un maître sur le terrain du storytelling même si pour le coup la suite du classique "Stan" est un ratage complet sur "Bad Guy".. Si son alter ego se fait rare, il sait apparaître aux moments les plus opportuns à l'image de titre comme "Brainless", "Asshole" ou l'excellent "So Far" produit par la légende Rick Rubin sans oublier le passage de flambeau avec Kendrick Lamar sur "Love Game".

Difficile malheureusement, de ne pas se sentir tromper après l'écoute de cet album. Il faut se faire une raison Eminem a vieilli et nous aussi au passage. Après une carrière au sommet longue de plus de quinze ans. Je me réjouis sincèrement de le voir assagit et en forme derrière le micro. Je suis d'autant plus heureux de voir sa plume évoluer en cohérence avec son age. Imaginez seulement le carnage critique si il avait renouer avec l'éternel routine des singles humoristique et insultes envers sa mère... A la place son alter ego démoniaque sur le retour, déplace sa rage sur un Rap Game ayant évoluer sans lui et dont il sent l'obligation virile de réaffirmer sa place, à  l'image d'un Stallone dans Rocky V. Ce qui fâche finalement, c'est qu'au delà des qualités évidentes de cette suite en trompe-l’œil et trompe-oreille. C'est bel est bien le calcul marketing qui entache la légitimité de cette suite, que je renommerai pour ma part Recovery 2.

Amis lecteurs. Si l'écoute de cet album vous donne une furieuse envie d'écouter The Marshall Mathers LP premier du nom, personne ne vous en tiendra rigueur. Sachez le, les suites comme au cinéma, ça na jamais apporter du bon. Oui il est parfois sage de chérir nos souvenirs.

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