vendredi 19 avril 2019

2Pac un gilet jaune ?


Dans cette vidéo, Tupac Shakur se fait le témoin d'un état d'esprit particulièrement à vif sur le sujet passionnant et passionné de l'équité sociale. Une pépite que j'ai modestement traduit avec mon anglais LV1 plus fiable que Google, promis.


2Pac : "Il y a cette situation où je sais qu'il y a une maison pleine de nourriture qu'ils gaspillent où je frappe à la porte tous les jours, ils m'ont laissez voir le buffet et la fête. Au départ on y va en chantant joyeusement "On a faim, laissez nous entrer 😊". 

Après une semaine à demander sans rentrer pour manger, la chanson se transforme en : "ON A FAIM, ON A BESOIN DE NOURRITURE !😒";

 les semaines suivantes : DONNEZ DE LA BOUFFE OU JE CASSE LA PORTE! ;pour au final au bout de quelques années :



Je me faufile, crochète la serrure, m'introduit et TIRE dans le tas !😈



Au bout de tant d'années à demander dans les mouvements sociaux traditionnel, que pensez vous que nous allons faire ? 



Demander ?"


-

Pour des raisons de confort empathique, il vous est fortement conseillé de suivre ces instructions pour "apprécier" l'édito qui suit.


Si vous êtes droitier ne vous servez que de la main gauche pour faire défiler la page et pour un confort de lecture singulier, la fermeture d'un œil (celui que vous aimez le plus) est requise.


Si le 2Pac qui s'exprime sur cette vidéo ne peut pas être un gilet jaune puisqu'il est mort depuis 1996 (sans dèc), il serait comme Coluche à coup sur derrière le mouvement. Le pedigree du bonhomme parle de lui même, éduqué par une mère Black Panther Afeni Shakur , nul besoin de préciser que le rappeur californien baigne depuis sa jeunesse dans un bain où la lutte des classes et les thèses marxistes imprègnent sa vie et son oeuvre; de quoi alimenter encore plus le paradoxe de ce personnage évoluant dans le paradis capitaliste de l'Oncle Sam.

Shakur était il de gauche ? Ma pensée le pense, même si je l'éloigne volontiers du gauchisme progressiste en raison de sa vision assez conservatrice et patriarcale de la famille tandis que son approche spirituelle le rapproche du Dieu de Spinoza. Chacun peut être juge, quand bien même un homme change au fil du temps. L'idée centrale qui se tisse ici c'est qu'une demande de solidarité non pourvue ne découle que sur une violence qui trouve sa source dans un manque de partage et d'équité. La dignité étant le moteur de l'émancipation et vice versa; la volonté de prendre son destin en main par tous les moyens nécessaires devient pour le nombre en souffrance un mantra qu'il sera difficile d’apaiser.

Un mouvement social digne de ce nom est toujours porté par la contre culture, la sous culture et la culture dominante. Si pour les deux premiers cités le contrat est rempli dès le départ, je note sans étonnement que le gilet jaune n'imprime pas dans la conscience mainstream

À quelques exceptions, le Rap et les artistes en général se font muet sur le mouvement des "Samedis Jaunes" (lire l'excellent billet : Gilet Jaune: Malaise chez les rappeurs ?). On aurait pu croire que le combo "rond point-barbecue" aurait séduit les héritiers du Unity Love and Having Fun et pourtant peu ont eu la présence d'esprit de se montrer en soutien d'un mouvement inédit. 

Peur d’être assimilés aux violences, aux dégradations de Porsches innocentes ou du Fouquets ? Le rappeur à sa décharge, est ce facteur qu'on a diabolisé alors qu'il portait la lourde tache de donner l'alerte sur ce qui couvait. On se souvient de Iam, Oxmo ou NTM, qui avant de s'embourgeoiser (ce que sans hypocrisie chacun souhaite pour soi même) demandait : "ce qu'on attend pour foutre le feu ?".


ou encore Lunatic sur le classique et savoureusement sombre '92i' donne l'état d'esprit qui inspire avec gravité et désenchantement  une grande partie des banlieues de France encore aujourd'hui.


Concernant la variété française en revanche c'est le néant. Pas grand chose depuis Trust et son 'Antisocial'. On se retrouve finalement orphelin d'un Balavoine ou de la poésie d'un Bashung, bien entendu chanteurs ou acteurs savent ponctuellement incarné la misère, parfois la plupart l'ont vécue (Zaz, Fabio Capello) ou y sont sensible, mais comment explique t'on ce manque de relais de ceux qui ont percé ? Peur de retomber dans l'anonymat ? Flou entretenu par la nébuleuse jaune ?

Concernant le Rap Game et la banlieue qu'elle représente. La frilosité se fait elle par instinct politique ? Une volonté de se préserver en se mettant à l'écart d'un mouvement dont elle se sent ciblé ? Un ressentiment par le manque de solidarité ressenti face aux nombreuses affaires de bavures policières dans ces même quartiers ? Sans compter ce FlashBall qui est tout sauf nouveau pour beaucoup d'entre eux.

La racine : la peur, toujours et pour les mêmes. Le manque d'unité et d’autodétermination pour l’intérêt commun pour un résultat accouchant toujours sur du statu quo. On pourrait se consoler avec cynisme, en se disant que les mêmes causes produisent les mêmes effets quelques soit le sujet. Quid de la violence faites aux femmes, de nos anciens isolés, de l'urgence climatique ? La sensation que la montagne d'emmerdes est trop grande pour que notre action fassent la différence. 

Et pourtant, proche de moi l'idée qu'il vaut mieux vivre en chutant avec l'infime espoir que l'atterrissage soit plus doux (pour moi ou pour les autres). 


Au final, ce qu'il faudrait retenir de ce mouvement des Gilets jaunes c'est qu'on est tous le "nègre" de quelqu'un dans cette grande plantation; 2Pac l'avait compris. Conséquence d'une communautarisation et d'une société individualisée; les nègres des champs reçoivent peu de soutien des "nègres des villes" et inversement. Un jour, ils cesseront de demander.

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