Fally Ipupa - Control [Chronique/Review]

Pas une chronique sérieuse sur l'Afro Pop sur le web francophone. Pas une.

L'auteur de ce texte est un "ancien" qui squattait à l'époque déjà  des sites comme Zouker.com pour se tenir au jus sur l'actu. Quelques années de plus, je constate un essor considérable de la musique africaine mais qui n'est pas accompagné par les influenceurs en vogue. 

Et pourtant, disques d'or (voir de platine) à la pelle, multiple récompenses et nomination prestigieuses à l'international et total désert sur les internet où mes confrères restent maladivement agrippé à la partie Gossip et cosmétique de la scène américaine. Je plaide coupable pour mon cas et décide de sortir de la bergerie histoire de découvrir avec vous comment le reste du monde s'amuse, tandis que d'autre restent convaincu que la Pop US demeure le fin du fin en terme de créativité.

En sortant de notre grotte pour rentrer en boite, c'est avec délectation que l'on découvre qui sont les tauliers des clubs Afro. Les légendaires Pepe Kalle, Dina Bell, Werason, ou Kofi Olumide sont passés de mode pour la jeune génération. Après la parenthèse ivoirienne du Coupé Décalé, le Nigeria est désormais comme l'épicentre du son Afrobeat. Qu'ils soient sur le continent ou dans la diaspora, les Lady Ponce, Aya Nakamura, D'Banj, P Square, Nneka, Naza ou encore Davido se nourrissent d'influences et font danser le reste du monde dans une indifférence scandaleuse -ce qui ne les protègent pas d’être régulièrement plagié par les stars US- mais qui d'une certaine manière consolide un gage d'authenticité.

Braquons aujourd'hui les projecteurs sur le Patron de la scène actuelle : Fally Ipupa, véritable superstar internationale qui nous revient en 2018 avec un titanesque projet garni de plus de 31 titres : Control.

Récemment signé chez le solide label Elektra, Ipupa Fally est bien décidé avec ce 5ème album -qui se révèle être un triple- à asseoir sa domination dans un éclectisme qui force le respect. Véritable touche à tout, aucun genre ne résiste à la superstar congolaise: Pop, Rnb, Rumba. La palette du chanteur préféré de nos tantines s'élargie au point de parfois friser l'overdose tant il semble seul sur l'album alors qu'il avait dernièrement sur son précédent album Tookoos, su s'approcher de divers noms prestigieux tel que le tricard R.Kelly, Booba ou MHD.

Musique congolaise oblige, les morceaux sont longs, très longs. Rythme et chaleur non stop sont au rendez vous, à l'image du titre "The Crown" qui revient soit dit en passant à la base des sonorités qui contribuent chaque jour à la renommée de la musique congolaise depuis tant d'années. Le fraîchement trentenaire que je suis apprécie au bon souvenir de nos fêtes de mariage interminable.

Pour ce qui est du fond, si vous n'avez pas pris Lingala en LV1, les thèmes abordés tournent généralement autour de l'amour et d'un culte à l'egotrip post sapologique. Pour ce qui est de la forme, la production aurait toutefois gagné en implémentant quelques skit ou interlude entre chaque morceau histoire de donner du corps et un soupçon de respiration à l'ensemble.

Si la stratégie est d'occuper l'espace dans les charts et dans les clubs tout en donnant de la matière aux DJ en inondant les tables de mixages, alors oui la mission est plus que réussie. Et nul doute que l'on entendra aux choix : "le single "Control" d'une redoutable efficacité ou encore "Ecole" et ses accent Old School que n'aurait pas renié un Papa Wemba.

L'auditeur profane et occasionnel n'aura en revanche pas le choix de faire un tri parfois fastidieux parmi les quelques déchets présent (logique dans un album de 31 pistes) mais qui fera un effet furieux une fois dans votre playlist. Plus album expérimental concept que véritable LP, Control doit etre pris comme un généreux cadeau avec la mission idoine de vous faire "travailler votre cardio"(sic) sur la piste de danse. La mission étant une garantie de succès, il mérite votre écoute dynamique si ce n'est pas lui qui vient directement à votre oreille.