vendredi 14 septembre 2012

Les meilleurs album Rap Us des années 90 [1999]

Suite et fin de notre rétrospective consacrée aux meilleurs albums Rap des années 90 avec le cru 1999. L'an 2000 pointe le bout de son nez. Quelques élus jouent fièrement à la Dreamcast, la station mir est sensé brûler Paris (Paco Rabanne Style) tandis que la tempête fait basculer arbres et maisons alors que le World Trade Center bombe encore le torse. Musicalement, point de tempête sur la planète Rap. 1998 nous a laissé sur une sensation de constance tout en apportant son lot de nouvelles têtes et d'innovation en terme de sonorité. Sur le plan sonore, la West Coast est en dilettante, tandis que les sons South et alternatifs gagnent de plus en plus de terrain. La scène de New York se reposant plus ou moins sur ses lauriers propose un son qui lui est propre, sans véritablement céder aux sirènes de la Pop, le mariage avec le Rnb étant désormais consommé.

En 1999, nous avons pour résumer. Une South en progression, une Eastcoast en constance et une West en reconquête. Par qui et comment ? Ou et pourquoi ? C'est ce que nous allons tenter de découvrir sans plus attendre, dans ce dernier volet de notre classement.




1999



10
Ja Rule - Venni Vetti Vecci


Avant d’être un 2Pac wannabe en puissance se faisant détruire par 50 Cent et Eminem. Ja Rule se posait comme une figure crédible du rap New Yorkais. Venni Vetti Vecci, premier album de l'homme fort du Murder Ink se révelait alors comme une réussite parvenant à faire le grand écart entre Street et Mainstream. (écouter un extrait)


9
Nas - I Am: The Autobiography


Soyons francs ! Depuis It Was Written, Nas peine à convaincre. Semblant se chercher un style, Nasir Jones oscille entre un style street et un rap plus mainstream. Du coup, comme son rival cité plus haut, Nasty Nas tente le pari de proposer un album faisant la synthèse de deux facettes du Rap. Mal lui en a pris. Sans être la bouse intersidérale citée sur les grands forums spécialisés; I Am reste un bon album... constitué de déchet l’empêchant de prétendre à plus qu'une pauvre neuvième place. Et si vous pensez que vous avez touché le fond avec I Am vous n'avez encore rien vu avec Nastradamus... (écouter un extrait)

8
Blackalicious - Nia


A mon grand désarroi peu de gens connaissent Blacklicious. Pour faire de brève présentation. Le groupe est originaire de la scène underground de Sacramento et justifie sa présence dans ce classement par la combinaison offrant un mix savoureux entre The Roots, Slum Village et Pharcyde. Le tout pour un Nia frai et novateur prouvant que la cote ouest à encore des cartouches dans son tech9. (écouter un extrait)

7
Q-Tip - Amplified


No more Tribe Called Quest en 1999. Q-Tip son leader à la voix suave est bien résolu à montrer ce dont il est capable en solo. Et quel solo mes amis ! Avec son comparse de The Ummah, Jay Dilla à la production sur la totalité de l'album. Est il nécessaire de vous convaincre d'avantage sur les qualités d'Amplified ? Si besoin écouter un extrait.

6
Rakim - The Master


Il ne suffit pas d’être une légende pour jouir de passe droit. Voila la leçon que Rakim a apprit avec son second album The Master. Il faut dire que la critique a plutôt descendu l'opus, lui reprochant son manque de prise de risques et une plume moins inspirée. L'album manquant finalement de cohérence. Néanmoins, il reste à mon sens un album important pour l'année 99 dans la mesure où l'album propose une flopée de punchlines à faire frémir les initiés. Pour vous faire une idée il faut savoir que le plus mauvais texte de Rakim restera supérieur au meilleur texte d'un rappeur lambda. Si vous en doutez : (écouter un extrait)

5
The Roots - Things Fall Apart


Toujours bien placé. Toujours aussi agréable à écouter. Things Fall Apart ne déroge pas à la règle et contribue une nouvelle fois à placé The Roots comme la caution du Rap. Insolent par tant de constance. L'album est bien produit, les invités sont prestigieux, le storytelling savoureux, les thèmes sont terre à terre et militant. Finalement, ce qui empêche The Roots à prétendre à une meilleure place ici, c'est tout simplement qu'il y a en cette année 99 plus pertinent sur le marché du conscious rap.  (écouter un extrait)

4
Method Man and Redman - Blackout


Weed, Weed, Weed. Le thème est certes redondant mais quand il est produit avec autant de maîtrise (Reggie Noble, Erick Sermon, Rockwilder, RZA) et d'inventivité. Blackout est limite une pub pro marijuana. Rien que ça. (écouter un extrait)

3
 Eminem - The Slim Shady LP


"Un rappeur blanc qui rap mieux que la plupart des rappeurs noirs du game". Voila comment le public perçoit l'arrivée d'Eminem, nouveau protégé de Dr Dre et roi de l'underground de Detroit. Les lyrics de Marshall Matters sont riches. Profondes sous certains angles et jouissent d'un humour noir white trash tout simplement irrésistible. Au niveau de la prod, nous retrouvons un Dre en pleine reconquête. Une reconquête dont ont va parler plus vite que vous ne l'imaginez. (écouter un extrait)

2
Mos Def - Black on Both Sides


Après un Blackstar salué unanimement par la critique c'est la bave aux lèvres que nous attendions le premier album solo de Mos Def : Black on Both Sides. La fin des années 90 se sont avant tout les belles années du label Rawkus et son armada de rappeur érudits : l'ex Organized Konfusion Pharaoahe Monch, le natif de Brooklyn Talib Kweli et l'homme chauve de Chi-Town Common. Pour en revenir à l'album c'est aidé de DJ Premier (encore lui), Ali Shaheed Muhammad (ex ATCQ et ex Ummah) que Mos Def propose un Rap à la fois incisif et profondément militant par les thèmes proposées (quand Mos Def rap contre la pollution avec justesse et intelligence cela force tout simplement l'admiration. Introspectif et intelligent. Si je devais choisir un album en 99 ce serait celui ci sans hésitation. (écouter un extrait)




and the winner is


1
Dr Dre - 2001


Depuis son départ forcé de son propre label Death Row en 96. Dr Dre, Andre Young de son véritable nom, subit une véritable traversée du désert. Échec de The Firm en collaboration avec Nas, échec de son album ...Present Aftermath. Dépassé en terme de hype par les sonorités proposé par les Neptunes et autre Timbaland. La situation reste morose jusqu'à l’arrivée d'Eminem dans la vie du docteur. L'album The Slim Shady LP auréolé d'un succès critique et commercial;  fait naitre une rumeur qui veut que Dr Dre et la Westcoast fassent un retour en fanfare en cette fin d'année 99. Et pour marquer le coup, Dre se réconcilie avec Snoop, et l'ensemble du Dogg Pound. Scott Storch en soutien ainsi que Jay-Z, Eminem et Royce Da 5'9 en ghost writers finissent de faire de 2001 l'album de l'année 99. La suite est connue de tous. Aftermath se positionnant comme le label dominant au début des années 2000. Mais ça c'est une autre histoire. (écouter un extrait)




Conclusion : La fin d'une ère

Nous y sommes. Notre dossier consacré à l'age d'or du Hip-Hop US prend fin avec maestria avec l'excellente année 99. Dr Dre nous refaisant le coup de 1992 (The Chronic) en sortant l'album redistribuant les cartes (temporairement) du Rap Game. Ainsi à l'aube de l'an 2000 l'amateur de Rap ne pouvait que être confiant en l'avenir. L'industrie est certes dans la tendance, mais dans la bonne direction. Pour faire une synthèse globale des classement établis nous pouvons constater que l'industrie Hip-Hop a su évoluer à une vitesse considérable. Ainsi sur le plan sonore nous avons pu observer l'explosion du sample grâce à des maîtres comme RZA ou Dr Dre, un rapprochement avec le Rnb (2Pac, Biggie, LL), l’émergence du Rap sudiste (Outkast, Scarface, UGK), l'éclosion d'un rap alternatif (The Pharcyde, Organized Konfusion) et dans une plus grande mesure une ouverture vers les autres genres musicaux tel que le Rock (Run DMC), le Jazz (Guru), la Soul (The Roots) et plus tard l'electro (N.E.R.D). Plusieurs courant. Plusieurs visions. Le Rap a gagné en richesse pour le bonheur de toutes les oreilles.

Néanmoins, nous ne pouvons pas nous quitter sans aborder l'évolution de la portée des lyrics et l'évolution de l'imagerie Hip-Hop. Ainsi, nous commencions nos classements avec une année 90 où le Rap militant est la norme. Le rappeur n'est plus l'amuseur des block party. Il a une vision à partager et n'hésitera pas à partir au charbon pour ces convictions. Pour les années qui suivent la Westcoast et son gangsta rap représente la nouvelle norme du Rap. Il faut dénoncer mais dans une violence beaucoup plus crue. C'est a cette période que 2Pac et Ice Cube sont au top de la Street credibility ringardisant les Public Enemy et autre crews trop afro-centré (ATCQ). Les crews parlons en. Au début des années 90 il est primordial de rapper en groupe ainsi c'est le temps béni ou groupes et collectifs kick le mic avec une insouciance assez touchante (Wu Tang Clan, Mobb Deep).

Cependant, à mesure que le Rap se radicalise et que l'ensemble du Rap Game épouse l'imagerie gangsta (vêtement, biatch, lowrider) et les crews font place aux individualités. La Eastcoast se cherche de nouveaux champions pouvant assurer sur le plan qualitatif et commercial. Et elle n'aura pas à attendre longtemps puisque Biggie et Nas sauveront à eux deux la scène New-yorkaise. Ainsi, il y a bien un avant et un après Illmatic. En effet, depuis Rakim et KRS, il n y avait pas foule d'amateur de lyrics. Le 1er album de Nas est celui qui a remis les textes au centre des débats. Il ne suffisait plus d'avoir l'air d'un gangsta. Il fallait être crédible et assumé chaque phrases balancés au mic. La tension east vs west créant une véritable émulation la période 95/96 est pour beaucoup l'année de tous les classiques. C'est en même temps l'année où les tensions east/west sont les plus fortes, aboutissant aux assassinats successifs de 2Pac et Notorious B.I.G.

Ces deux piliers de l'industrie disparus, nous observions sur les années 97 à 99 un apaisement dans les textes. Peu à peu, les piliers d'un Rap street ont bifurquer vers un style plus radio friendly (Jay-Z et Nas) et le Rap récupérer par MTV et l'ensemble des médias est devenu une musique cool que la middle class américaine pouvaient écouter sans se cacher. Une industrie comme tant d'autre répondant à des mécanismes et des dogmes bien huilés. Que personne ne vienne vous mentir (surtout à vous les "jeunes"), les graines du Rap aseptisé que nous critiquons à juste titres dans ces pages ont été semé dès les années 90. Ainsi, à l'époque déjà une partie du public se rendit compte que les rappeurs n'étaient pas forcement des dealers de drogues mais de jeunes entrepreneurs rêvant de faire du cinéma ou d'ouvrir leur night club... Peu à peu, le temps où il fallait être crédible pour jouer aux durs était révolu.   Tout repose dorénavant sur l'attitude (je vous invite d'ailleurs à surveiller le prochain dossier sur les : "2Pac Wannabe").  La Forme (le son) ayant pris le pas sur le Fond (les textes).

Devant ce constat peu reluisant, naîtront des courants alternatifs ayant la prétention de revenir vers un rap plus terre à terre. C'est de cette façon que le Rap conscient, (popularisé par: Mos Def, ATCQ, The Roots ou Common) se pose en digne héritier du Rap militant Afro-centré des années 80/début 90. Un retour aux sources salvateur pour beaucoup une régression facteur de division pour d'autre.

Voila ce qu'est le Rap des années 90. Un Rap brut et sans concessions qui peu à peu a tenté de faire le pont entre la street et le mainstream. Pour le meilleur et pour le pire. So, si vous vouliez savoir comment un ex maton peut se retrouver numéro 1 des charts sans que ça fasse polémique j’espère que ce dossier vous apportera un début de réponse. Pour finir, le but ici n'est pas de glorifier les années 90 en crachant aveuglement sur le Rap actuel, "chaque age a ses plaisirs, son esprits, ses moeurs" pour cité Nicolas Boileau. Si le rap est dorénavant une industrie, elle a le mérite d'offrir du choix. Et avoir le choix, c'est le début du bonheur tout simplement (les crates diggers savent de  quoi je parle)


Pour conclure, un grand remerciement à ceux qui ont suivi l'actualité du dossier sur la page Facebook et aussi sur Twitter. Un gros Big up à l'ensemble des forums qui ont boosté le site. Restez branchez et n'hésité pas à partager votre feeling. :)

Ps: Ah oui, un gros bisou à ma mère pour m'avoir fait naître en 88. Et un gros merci à mes frères pour m'avoir initié à l'art de rue. Peace All

4 commentaires:

  1. t'as fait du bon boulot sur ce blog. Il me sert de référence pour chopper des purs albums. Moi qui suis également né en 1988, je connaissais pas trop le rap du début des années 90. Tu peux tenter de faire la même chose avec les années 2000-2009?

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    1. Merci pour ton commentaire. Comme tu t'en doute la décennie 2000 est en préparation. Toutefois l'accent est pour l'instant mis sur les chroniques d'albums. Reste branchez ;)

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  2. Yéhééé je découvre ce site et j'espère qu'il gère ! :p

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  3. Le Rakim et le Q-Tip mérite pas, ils ne sont pas assez bon.
    Le Nas et le Ja Rule sont nul.

    D'autres méritent plus, le MF DOOM, le Monch, le Lootpack, le Kurupt, le Arsonists...


    Voilà, ++ j'espère tu prendras tout mes commentaires au sérieux.

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