Si vous suivez l'actualité du Rap Game vous êtes forcement au courant du fameux buzz engendré par le fameux couplet de Kendrick Lamar sur le titre Control. Pour la petite histoire, invité par Big Sean sur le morceau, Lamar s'est littéralement livré à un outshinage en règle de ses collègues rappeurs:
"Je suis aussi important que le Pape, je suis un musulman qui mange du porc, je suis le rejeton de Makaveli, je suis le King Of New York, le King de la cote (West Coast) d’une main je jongle avec les deux
Tu m’appelles le Beatles Noir, je suis soit ça ou un Marley.
J’ai entendu dire que dans les salons de coiffures il y a le plus grand débats tous les temps au sujet de qui est le meilleur MC ? Kendrick, Jigga et Nas, Eminem, Andre 3000.
En général je m’entends bien avec les gars avec qui je rappe. Mais on parle de hip-hop et les gars devraient savoir comment cela se passe. Et ceci est valable pour Jermaine Cole, Big KRIT, Wale Pusha T, Meek Millz, A$AP Rocky, Drake Big Sean, Jay Electron’, Tyler, Mac Miller. Je vous kiffe mais je vais essayer de vous tuer. Je m’arrangerai pour que vos purs fans n’entendent plus parler de vous, qu’ils n’aient plus envie d’écouter un seul mot ou verbe de votre part."
Lamar dernier poulain de Dr Dre, adoubé par la majorité des ténors du Game (Jay-Z, Scarface, Eminem, 50 Cent, Nas) est considéré comme l'homme fort de la nouvelle generation. Si il faut dès à présent préciser qu'il ne s'agit pas d'un Clash ou d'un Diss (c'est bon pour Google) notre rôle est d'analyser pourquoi Control fait tant de bruit ?
Une plume crédible ou le retour du fond sur la forme
La Street Credibility étant morte ou du moins plus si essentiel pour faire carrière; la demande du public connaisseurs s'est tourné depuis une bonne dizaine d'année déjà vers des récits authentique et profond. Néanmoins, force est de constater que cette demande ne fut que trop rarement satisfaite tant les précédents rappeurs de cette dernière décennie (2000/2010) nous ont gavé de rap assez vide de sens dans l'ensemble. Plus concrètement, la forme a pris le pas sur le fond. Cela se vérifie par la croissance de one hit wonder; par l'inconstance qualitative entre les projets découlant sur une fabrication industrielle de la musique et de fait une perte de singularité (les beatmakers font généralement le tapin chez tout les labels). Bref, face à ce constat, nous pouvons observer une tendance récente et propre à une nouvelle génération s'émancipant des codes dogmatiques du Rap vers un son plus libre et ouvert vers de nouvelles influences.
Certes Kendrick Lamar n'est pas à l'initiative de cette mouvance. Mais par sa plume aux récits introspectifs et ses sonorités particulièrement rafraîchissante, il est parvenu à faire plonger son public dans son intimité, là où d'autre rappeurs se contente de décrire ou d'exprimer des fantasmes. Lamar sait tout faire et il le fait avec authenticité.
Un artiste West Coast mais pas que
Depuis pas mal d'année déjà, la WestCoast se cherche de nouveaux héros. Ice Cube et Snoop se font vieux et The Game n'arrive pas à briller autant qu'on pouvait l'esperer. Toutefois, en homme providentiel Lamar Californien de son état signe chez Aftermath. A partir de ce moment, les observateurs ont alors esperer via Kendrick un retour du sons West pour son premier album et pourtant c'est un véritable contrepied artistique entrepris sur Good kid Maad City. Pas de son sentant le Drive By ou le Lowride; à la place des productions modernes venant de son propre crew du Top Dawg Entertainement. Inovation et prise de risque sont les signes du renouveau. Là ou il fait fort c'est que sa musique dépasse les frontières stéreotypé de la Westside. Kendrick Lamar est un tout qui touche tout le monde et il le sait.
Le devoir du nouveau Roi
Actuellement le rappeur le plus en vogue dans le Rap Game, il est assez fascinant de constater la maturité de Kendrick Lamar maintenant qu'il occupe une place de leader dans l'industrie. Le Rap Game a toujours eu besoin d'artistes pouvant animer la scène et ainsi contribué à un élan créatif, on se souvient de 2Pac et de son double album avec un Notorious lui emboîtant le pas en guise de réponse frontale, du Nas vs Jay Z ou encore du Bridge Wars. La notion de compétition fait partie intégrante de la culture Rap, si le clash na pas disparu des radars il faut admettre qu'actuellement les beefs entre rappeurs se limitait jusqu'ici à des tweets, des vidéos interposés ou pire des altercations physiques en boite ou en pleine rue.
Toutefois avec le couplet de Lamar tout change. Quand il lance un : " En général je m’entends bien avec les gars avec qui je rappe. Mais on parle de hip-hop et les gars devraient savoir comment cela se passe. Et ceci est valable pour Jermaine Cole, Big KRIT, Wale Pusha T, Meek Millz, A$AP Rocky, Drake Big Sean, Jay Electron’, Tyler, Mac Miller. Je vous kiffe mais je vais essayer de vous tuer. Je m’arrangerai pour que vos purs fans n’entendent plus parler de vous, qu’ils n’aient plus envie d’écouter un seul mot ou verbe de votre part." le passage n'est surement pas à prendre au premier degré mais il faut y voir un appel vers un retour à une compétition saine et purement artistique.
Ajoutons à cela la fameuse phrase qui met véritablement le feu aux poudres : " je suis le rejeton de Makaveli, je suis le King Of New York, le King de la cote (West Coast) d’une main je jongle avec les deux " . Pour information Makaveli fait référence à Tupac Shakur, tandis que le titre officieux de King of New York est attribué à Notorious Big. En balançant cette punchline, Lamar sait qu'il a la crédibilité suffisante pour rendre son egotrip crédible. Lui, ses homologues et nous autres auditeurs en avons pleinement conscience. Le style "universel" de Lamar lui permet d'oser un egotrip qui sonne juste. Tout le contraire d'un Lil Wayne moqué lorsqu'il prétend être "le nouveau 2Pac". A contrario Kendrick Lamar à la légitimité pour s'inscrire dans l'héritage de ceux qu'il cite; c'est ce qui rend le couplet de Control explosif et dynamise un Rap Game tournant en rond depuis trop longtemps.
Retour de la compétition. What's Next ?
La bombe est désormais lâche, nous avons un Kendrick Lamar décidé à balayer la concurrence et tout l’intérêt de l'affaire réside dans les fameuses répercutions et réponses à venir.
Si les vétérans et rappeurs cités dans le fameux couplet sont plutôt ravis de revoir un semblant de compétition. D'autre comme A$AP Rocky ou Papoose préparent déjà une riposte musicale. Morceaux choisis :
lupe : " N---- you ain't Nas, n---- you ain't Jay Z/You will respect me, you will reject me/But I've done so much, no matter how far you go, you will reflect me "
B.o.B : " I know that I'm shinin', I know that I'm shinin'/Don't worry, 'cause you can find shade in my shadow" — but also his instrumental prowess, when he launched into a guitar solo after saying, "Give me my guitar pick, I'll show you s--- "
Joell Ortiz : "Homey, you ain't the king of New York, you're the next thing on my fork."
Que retenir finalement ? Si les rappeurs de New York sont clairement outré par l'insolence de Kendrick il est plutôt révélateur d'un constat confirmant le déclin de New York. Les attaques aux premier degré d'un Papoose ou de Mickey Factz prouvent la fébrilité d'une scène peinant à se réinventé. D'autre part comme l'a si bien dit J Cole "C'est ceux qui ne sont pas cités qui doivent se sentir insultés "...
L'autre enseignement réside aussi sur le buzz juteux et garanti pour Big Sean dont l'album Hall of Same sort cette semaine. En outre, tout le monde attend avec fébrilité la réponse de l'autre superstar Drake. Un beau match en perspective En somme qu'on aime Kendrick Lamar ou non; réjouissons nous du retour (à court terme) d'un semblant de rivalité saine et de compétition artistique. C'est l'esprit Hip-Hop et c'est de ce climat que naissent les classiques.
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