En 2003, le Rap se cherche de nouveaux héros. Après un début de décennie particulièrement animé par le conflit Nas vs Jay Z. Le Rap Game de 2003 est particulièrement dominé par le label Aftermath de Dre. Ajoutons à cela, une période qui voit un nombre impressionnant de "beef" éclaté sur tout le continent. L'émulation crée par l'affrontement Nas/Jigga ayant fait germer de bonnes idées pécuniaire, c'est une période d'affrontement locaux - à l'opposé des grands conflits nationaux "cote vs cote" qui donne au Rap Game une ambiance sous fond de division et de guerre fratricide. De ce climat, un second phénomène s'annonce à l'horizon avec une SouthSide de plus en plus forte, la zizanie interne sur la cote est représentera finalement l'occasion propice pour prendre les rênes et sonne le glas de la domination sans partage du Rap Eastcoast.
10
Big Tymers - Big Money Heavyweight
Vous vous souvenez du temps béni ou le son de Mannie Fresh seconde moitié des Big Tymers, faisait le bonheur exclusif des artistes de Cash Money ? Ce temps béni (avant le grand "repompage" actuel sans saveur) qui donna naissance en 2003 à un Big Money Heavyweight des plus solides en compagnie de Baby Birdman. C'était déjà le bon temps. (écouter un extrait)
9
Bubba Sparks - Deliverance
Au rayon des rappeurs blancs Eminem est le roi (le dieu même). Pourtant, c'est avec une certaine injustice que nous oublions trop souvent Bubba Sparks. Avec son second album Delivrance, l'acolyte de Timbaland nous emmène dans une Amérique un peu redneck -sans les stéréotypes- dont on ignore pas mal de chose avec du recul. (écouter un extrait)
8
Viktor Vaughn - Vaudeville Villain
Nouvel alias pour le flippant MF Doom et nouvel album tout aussi dérangeant. Vaudeville Villain c'est LA sensation underground de 2003. Déroutant par sa variété et ses prises de risques. Saisissant par la justesse des punchlines. L'approche quasi cinématographique de l'oeuvre est la curiosité de ce classement. (écouter un extrait)
7
T.I - Trap Muzik
En 2003, T.I était le seul rookie que toutes les majors cherchaient à signer. En effet, malgré un premier album assez inégal. Clifford Harris Jr parvient à marquer les esprits avec l'indispensable Trap Muzik et son armée de hits tout aussi incontournable. Les débuts tonitruant du label Grand Hustle et le début d'une lutte acharnée pour le titre de King of South (détenu par Scarface pour les puristes). (écouter un extrait)
6
CunninLynguist - SouthernUnderground
Le précédent classement 2001 faisait le constat du manque de résonance du Rap contestataire. A l'heure ou le Rap assumait de plus en plus son industrialisation, une frange d'activiste Hip-Hop restait ancrée à sa mission de contestation première. Ainsi, l'album SouthernUnderground du groupe CunninLynguist, prouve une nouvelle fois que les rappeurs n'ont pas leurs langues dans leurs poches... (écouter un extrait)
5
Freeway- Philadelphia Freeway
Freeway c'est un blaze pourri; mais c'est surtout un style rafraîchissant et une énergie communicative et irrésistible. Découvert grâce à son excellent couplet sur le "1-9000 Hustler" de son ex mentor Jay-Z. Leslie Pridgen de son vrai nom signe avec son premier album Philadelphia Freeway un album assez street et remarquablement produit par Just Blaze dans son ensemble; il étonne encore par sa justesse. Souvenir, souvenir. (écouter un extrait)
4
Immortal Technique - Revolutionary Vol.2
Immortal Technique c'est un peu le rappeur préféré des fans de la théorie du complot ou des Illuminati. Son second album Revolutionary Vol.2 se voulant comme une oasis de Rap dit "conscient" à l'heure ou tout le monde souhaite être "King of...". Très à gauche politiquement, Immortal Technique se livre à une destruction totale de l'administration Bush (prêt à envahir l'Irak) et à remettre en cause les médias et ses effets sur la classe populaire. Un oasis, ou un mirage trop rare en 2003, trop rare. (écouter un extrait)
à ce niveau c'est une agréable torture tant les albums sont tous au top dans leur catégorie
3
Jay-Z - The Black Album
Soyons clair depuis Reasonable Doubt, Jay-Z n'est jamais parvenu à faire l'unanimité. Revenu au top grâce à The Blueprint, Sean Carter s'apprêtait à l'époque à déposer le micro pour s'asseoir dans le confortable fauteuil de président de Def Jam. Véritable séisme dans le Rap Game de l'époque; la question était de savoir si Jigga allait partir sans tenter un troisième et dernier album certifié classique. C'est dans ce contexte que sort The Black Album. Que dire à part que la mission est une totale réussite. Album sans déchet, prise de risque sur chaque piste, introspection, humour, egotrip hustle et Allure. Vous ne pouvez pas aimer le Hip-Hop et détester cet album ! Impossible (écouter un extrait)
2
50 Cent - Get Rich or Die Tryin
GRODT c'est mon album de coeur. L'album que j'ai le plus écouter à l'époque et que j'écoute encore de temps à autre (excellent fond sonore pour enchaîner les séries de pompes ou un footing). Dès l'intro, l'ancien poulain de Dre et Eminem donne le ton. C'est Street, sans détour et tu sens l'envie d'aller chercher son argent quasi palpable chez 50 Cent. Dr Dre et Eminem à la prod, le G-Unit et Nate Dogg en feat parcimonieux, font de cet album le classique indiscutable de 2003. (écouter un extrait)
And The Winner is
1
Outkast - Speakerboxx/The Love Below
Les lecteurs avec qui je discute souvent savent que cet album d'Outkast n'est pas celui que je porte le plus dans mon coeur. Et par subjectivité pure, je lui attribuerai une seconde place bien mérité (quoique). Cependant, en prenant en compte les avis, force est de reconnaitre l'importance du cinquième album du duo. En choisissant de faire un double album (un CD en solo chacun); le Speakerboxxx de Big Boi étonne par la créativité des sonorités Dirty South qui influenceront plus tard des artistes comme Janelle Monae; et surtout Andre 3000 avec son The Love Below qui a quasiment 10 ans d'avance sur le Rap Game actuel, tant il étonne par l'avant gardisme des sonorités electro pop. Assez aisé de faire une filiation avec les travaux actuels proposé par un Ab Soul ou un Schoolboy Q. En bref, Speaker/Love c'est avant toute chose l'album de la consécration (mainstream) qui montra la voix pour les générations futures, rien que ça. (écouter un extrait)
Conclusion : Le Rap un éternel recommencement ?
Industrialisation. Récupération. Communication. Le Rap s'assume en 2003, la tendance veut que la scène dominante New Yorkaise laisse désormait place aux scènes alternatives. Si nous pensions au départ à un nouvel élan de la grosse pomme; le dernier champion 50 Cent, en pleine guerre interne avec Ja Rule, n'améliorera pas l'essor d'une Eastcoast peinant à trouver sa place dans le nouveau Game qui se dessine. Toujours en pleine mutation, l'année 2003 est l'occasion d'observer quelques tentatives de Rap conscient, quand le mouvement souhaite globalement miser sur le Street Hustlin véhiculé par T.I ou le tout puissant Jay-Z. Par conséquent, si les beefs étaient plutôt d'ordre artistique, 2003 voit une accentuation des beefs plus personnels qui ne le devrait. Sans s'en apercevoir un état d'esprit changeait là, sous nos yeux... La suite en 2004.
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