Top 10 Rap album 2014

2013 a vu le triomphe du "rapounet" au sommet des charts. Un Rap soft et inoffensif laissant la part belle aux introspections larmoyantes de nos chers rappeurs US qui a défaut d'innover cherche à rendre le redondant exceptionnel. Industrialisé et aseptisé jusqu'à la moelle l'industrie mainstream (grand public) laisse orphelin une grande partie d'amoureux sur la borne d’arrêt d'urgence à mesure ou les sons commerciaux s'écoutent puis s'oublient. Face à cela, le rôle ponctuel et humoristique de CrazySongz est d'établir avec un minimum de sérieux le désormais traditionnel classement de ce qui s'est fait de mieux sur la scène Hip Hop avec la parcimonie de l'artisan séparant le bon grain de l'ivraie.  #JeanPierrePernault

2014

10

Tech n9ne - Strangeulation

Symbole de la persévérance et de longévité dans ce Rap US. Tech n9ne signe avec Strangeulation un quinzième album d'une qualité rare pour un LP.

Sans aucun doute l'opus le moins personnel de la carrière du natif du Kansas en raison de la profusion en featuring, il reste la curiosité Rap pour les amateurs de technique et de rap "conscient". (écouter un extrait)

9

Iggy Azalea - The New Classic

La simple présence de la Venus hottentote blanche dans ce classement suffit à donner de l'urticaire aux militants pro black. Ceux la reprochant à l'australienne de "voler" l'art des noirs tout en faisant preuve d'un dédain et d'un manque de culture crasse digne de Lupe Fiasco. Pourtant au delà des débats "épidermiques", force serait d'admettre que le 1er album d'Iggy Azalea est admirablement cohérent et agréable dans le registre du Rap mainstream. Mélant Pop/Rnb et véritables punchline assassines (pitié Nicki prend des notes), je déplore toutefois que le Rap ne soit devenu qu'une histoire de gros cul flasque qu'il soient blanc ou noir. (écouter un extrait)

8

50 Cent - Animal Ambition

G G G G Unit ! Je nous revois au collège Pierre Curie, fier de nous même Air Force One aux pieds et peau de pèche Sean John blanc immaculé. Cette époque bénie et désormais si lointaine ou Curtis Jackson était le rappeur le plus craint du Rap Game. Cette époque ou "Get Rich or Die Tryin" un des derniers véritable classique ayant su redonner des lettres de noblesse à un Rap déjà en quête de renouveau, servait et  parachevait la prophétie bling bling. En 2014, 50 Cent est loin, très loin de son débardeur et de son gilet pare balle. Fâché puis réconcilié avec la quasi totalité de ses ex rivaux., notre entrepreneur aux dents longue livre avec Animal Ambition une ode au volontarisme et à la culture de la gagne, un retour aux sources orienté street sans y être à pied joint mais un revirement qui annonce du bon pour un rappeur ayant planqué son talent sous une liasse de billets. (écouter un extrait)

7

Ab Soul - These Days

L'ovni du Black Hippy signe avec These Days, l'album de la maturité, une qualité comme un défaut dans la mesure où le troisième album du pote à Kendrick Lamar est sûrement le moins surprenant, tout en restant supérieur en comparaison des productions de sa catégorie. Une manière nonchalante d'être le plus fort parmi les mauvais. (écouter un extrait)

6

Freddie Gibbs and Madlib - Pinata

Faisons court, la Thug Life, terme popularisé par Tupac Shakur au début des années 90 est devenu au fil du temps un mot valise désignant la rudesse de la vie en milieu urbain. Comment pouvons nous expliquer cette distance symbolique prise par le Rap US avec un des termes les plus pertinent au vue de l'actualité ? Industrialisation, manque de talent que sais je. Pourtant, en 2014 un retour aux sources les plus sombres se confirme avec une discrétion de rigueur qui redonne de l'espoir à ceux qui peuvent à juste titre se sentir délaissé par le néo-rap. Ainsi, Pinata du duo Freddie Gibbs et Madlib est une friandise à savourer sans risque d'indigestion. (écouter un extrait)

5

Mobb Deep - The Infamous Mobb Deep

Vieux, usé, fatigué. Trois adjectifs peu gratifiant pouvant symboliser ce qu'est devenu Mobb Deep depuis la fin des années 90. A l'image d'NTM chez nous, les batailles d'égo entre Havoc et Prodigy ont sérieusement gangrené l'image du duo du Queens, sans parler de l'inénarrable signature sur G-Unit record et autre histoire de racket... Seulement, comme un appel lancé via le Rap-Signal, nos deux justiciers masqués se lancèrent avec quelques kilos en plus dans la grande bataille du Rap Game en nous proposant un double album faisant honneur au son le plus influent de toute l'histoire du Rap. (écouter un extrait)

4

IamSu! - Sincelery Yours

Quand le soft rap renoue avec la Black Music (Funk, Soul et Rnb), le résultat accouche sur un Sincelery Yours plus que bienvenue et fraîchement sortit de l'esprit fantasque du jeune IamSu! qui signe avec ce premier opus le maître étalon en la matière. (écouter un extrait)

3

YG - My Krazy Life

Je ne vais pas vous refaire le coup en parlant de YG comme sauveur messianique de la Westcoast, Sans parler de révolution, nous avons en revanche le retour bienvenu des thèmes plus que gangsta, des sonorités G funk couplé à un son South des plus agressif résultant sur l'album bangerz le plus efficace de 2014. (écouter un extrait)

2

Skyzoo and Torae - Barrel Brothers

Orphelin de Little Brother réjouissez vous. Dans une continuité assumée des œuvres de 9th Wonders le duo Skyzoo and Torae rate d'un poil de fesse la première marche du podium, tout en livrant le meilleur album indépendant de 2014. Millésime du Rap, et retour vivifiant du son New Yorkais plus que discret désormais. Nous annonçons avec Barrel Brothers la présence de DJ Premier à la réception, suivi des majestueux Appolo Brown et Black Milk et autres convives de renoms. (écouter un extrait)

and the winner is

1

Schoolboy Q - Oxymoron

Black Hippy un jour, Black Hippy toujours, le numéro un de notre classement ne devrait pas en surprendre beaucoup car Oxymoron de Schoolboy Q était à raison l'album le plus attendu de 2014. Talent pur et brut de décoffrage Oxymoron parvient à faire la synthèse de ce que devrait être le rap aujourd'hui en proposant une carte délurée de son univers fait de stupéfiants, de seins siliconés et d'egotrip le tout ponctué par un bagout aigre doux et des productions sortant des sentiers battus. Parvenant à associer comme le désigne l'album ce qui ne devrait pas être ensemble. L'artiste de l'année sans aucun rival possible. (écouter un extrait)

Conclusion : Papy fait (encore/heureusement) de la résistance.

2014 fut calme en comparaison de 2012 et 2013. Si nous devions analyser à froid l'année écoulée, nous constatons dans un premier temps l'absence remarquée des artistes Trap; Pour illustrer un propos qui n'engage que votre serviteur, c'est à froid justement que le Honest de Future sera à mon humble vite mis aux oubliettes du Rap Game tant les sonorités peine à s'incruster dans le temps et finiront comme chacun le pressent copier par le premier quidam (French Montana au pif). A contrario, nous avons un mouvement plus classique ou jeunes et anciens proposent des sonorités à la fois expérimentales avec un ancrage street à tout épreuve. C'est cette jonction et ce réel passage de flambeau qui s'opère et qui justifie le plébiscite des artistes passée en revue dans ce classement. L'histoire prouve que le Rap n'est pas mort mais qu'il mue sans cesse dans des horizons multiples et que l'auteur doit désormais faire l’effort d'écouter ceux qui se donne du mal à faire du son, tout simplement.

ps : La petite équipe de CrazySongz vous souhaite une excellente année 2015. N'hésitez pas à suivre les pages  Facebook et Twitter pour suivre l'actu.